Quels sont les principaux enjeux en matière de transition écologique qui se posent à l'échelle de votre territoire ?
Jean Rottner : L’enjeu de la décarbonation est essentiel pour un territoire comme le Grand Est dont l’industrie joue un rôle clé. Ce secteur est un véritable gisement de réduction de l’impact environnemental de nos activités de production, mais aussi de gains de productivité pour nos entreprises. Le déploiement de l’hydrogène vert et décarboné est également un axe stratégique sur lequel nous avons une ambition forte, liée à notre positionnement géographique au cœur de l’Europe et dans une perspective de développer notre souveraineté énergétique. Nous pouvons également mentionner les mobilités durables : renforcer le transport ferroviaire, convertir les flottes captives aux énergies renouvelables, promouvoir le fret fluvial « propre » sont autant de chantiers que nous avons ouverts.
Marc Guillaume : Avec France Relance, l’État a pu apporter un soutien exceptionnel à la reconquête des friches en Île-de- France. Sur le fonds national doté de 589 M€, 108 M€ ont été mobilisés en Île-de- France. Deux appels à projets consacrés au recyclage foncier des friches ont permis d’accélérer des projets dotés d’un programme de construction de logements ou de locaux d’activités qui ne pouvaient aboutir faute d’équilibre économique, notamment en raison des surcoûts liés au traitement des friches. Cet accompagnement de l’État a permis de soutenir des opérations sur des espaces déjà artificialisés et ainsi d’éviter l’artificialisation de terrains naturels ou agricoles.
Grâce à une action coordonnée avec l’État, l'ADEME a également contribué à cet élan inédit en consacrant plus de 6 M€ d'aides à des projets de travaux et d'études destinés à la préparation des travaux de dépollution des friches en Île-de-France.
Comment définir votre collaboration avec l’ADEME dans le cadre du Plan de relance et comment maintenir cet élan ?
J.R. : En Grand Est, le partenariat avec l’ADEME est quotidien, solide et efficace. Il est même souvent qualifié d’exemplaire et d'inédit par l’ensemble des régions. Le programme « Climaxion », par exemple, que nous conduisons en commun depuis de nombreuses années, offre un « guichet unique » d’aides en faveur de l’efficacité énergétique des bâtiments, du développement des énergies renouvelables et de récupération, de l’économie circulaire et l’économie de ressources.
Les enjeux de notre partenariat sont multiples ! Intensifier les actions en accompagnement des projets de décarbonation, complémentarité forte sur l’extension des consignes de tri, appel à projets important en faveur des déchets du BTP afin de mieux les valoriser, car leurs marges de progression sont conséquentes.
M.G. : Le déploiement du Plan de relance en Île-de-France a été l’occasion pour l’ADEME d’intervenir auprès de l’État décentralisé comme un opérateur de proximité et de confiance à travers, en particulier, la désignation de référents territoriaux, la réalisation de restitutions opérationnelles régulières, l’organisation de réunions d’échanges et d’un séminaire régional avec les équipes de l’ADEME et le réseau des sous-préfets franciliens en charge de la relance. France Relance s’appuie en partie sur des actions déjà bien ancrées sur le territoire francilien et a permis un continuum de l’action de l’État en faveur de l’environnement. L’intervention de l’ADEME en Île-de- France sur les sujets de la transition écologique renforce des orientations pluriannuelles et programmatiques de la région, comme le soutien au développement de l’économie circulaire. En 2021, au total, ce sont plus de 300 projets qui ont pu être financés à hauteur de 93 M€ d’aides.
Quels sont les premiers effets du Plan de relance perceptibles dans votre région ?
J.R. : Notre Plan de relance « Business Act Grand Est » développé en partenariat avec l’État porte ses fruits. Un exemple parmi d’autres : nous lançons justement en ce début d’année 2022 la plateforme So-Rezo avec l’ADEME Grand Est, qui a pour objectif de concrétiser plus de 2 500 mises en relation d'ici 2025 et de proposer 100 solutions au service des acteurs de la transition énergétique et du développement durable. Pour répondre aux enjeux climatiques de demain, il nous faut mobiliser tous les acteurs, et cela passe par l’innovation.
Par ailleurs, notre région est la 1re pour les biocarburants, et de nombreux acteurs investissent nos territoires en matière de bioéconomie, secteur qui est un marqueur fort de notre relance régionale.
M.G. : L’économie régionale a été particulièrement touchée par la crise sanitaire. Dans ce contexte, les acteurs franciliens ont su mobiliser toutes les mesures de soutien mises en place par le Gouvernement : plus de 570 000 demandes d’activité partielle ont été traitées, représentant un montant de près de 12 milliards d’euros indemnisés. Plus de 2 millions d’aides du fonds de solidarité ont été accordées. Enfin, 150 000 entreprises franciliennes ont bénéficié du prêt garanti par l’État, ce qui représente un encours de plus de 51 milliards d’euros.
Première région économique de France, l’Île-de-France dispose par ailleurs d’un gisement considérable de TPE et de PME susceptibles d’être accompagnées par l’ADEME pour s’engager dans la transition écologique. À ce titre, France Relance a joué un rôle de catalyseur permettant à l’ADEME de toucher près de 96 % de primo bénéficiaires.
La transition écologique est-elle un moteur de la relance à l’échelle de votre territoire ?
J.R. : La transition écologique et environnementale est un des quatre moteurs du changement (avec le numérique, le développement de l’industrie et la protection du vivant) et nous l'avons placée au cœur de la relance de l’économie du Grand Est dès le printemps 2020. Il s’agit d’une priorité de ce « monde d’après » que nous voulons construire collectivement.
M. G. : La transition écologique tient une place centrale dans France Relance. En Île-de-France, ce plan a déjà permis à l’État de mobiliser près de 2,5 milliards d’euros à travers une trentaine de dispositifs intéressant autant le tissu associatif, les ménages que les collectivités territoriales et les entreprises. On peut en particulier évoquer la rénovation thermique des bâtiments publics, mais aussi celle des logements. Le volet écologie de France Relance accompagne aussi les Franciliennes et les Franciliens dans l’évolution de leur mode de déplacement.
France Relance est un dispositif essentiellement national, comment avez-vous permis sa territorialisation ?
J.R. : La Région Grand Est s’associe aux différentes instances de mise en œuvre, de décision et de suivi de France Relance. Certains projets nécessitent un co-financement de la part de la Région à laquelle elle participe dans une volonté de soutien à l’économie régionale et à l’attractivité de nos territoires. La Région a un rôle de prescripteur par rapport aux dynamiques locales et aux projets émergeant sur les différents territoires.
M.G. : Le Gouvernement a souhaité que France Relance fasse l’objet d’un déploiement à la fois territorial et partenarial.
Ainsi en Île-de-France, toutes les préfectures réunissent régulièrement, depuis septembre 2020, un comité de suivi du Plan de Relance associant les élus locaux, les acteurs économiques, les organisations syndicales, les associations environnementales. Ces enceintes ont permis de faire connaître de façon officielle les mesures du plan de relance à leurs bénéficiaires potentiels et d’écouter les remontées de terrain. Nous avons également multiplié les visites de terrain, les webinaires, les réunions d’informations permettant de faire connaître les mesures nombreuses du Plan France Relance aux partenaires locaux de l’État.
1,665 Md€
d'autorisation d'engagement pour l’ADEME au titre du Plan de relance entre 2021 et 2022.
642 M€
engagés au 31 décembre 2021, dont près du tiers engagé auprès de PME.
3 556
dossiers bénéficiaires, dont plus de 80 % sont des entreprises de toute taille.
2,340 M€
d’investissements générés par ces projets.

UNE DÉMARCHE D’ÉVALUATION LANCÉE EN PARALLÈLE DU PLAN DE RELANCE
La mise en œuvre du Plan de relance a été accompagnée d’une évaluation indépendante.
Son objectif ? Estimer les impacts environnementaux et économiques en analysant les résultats obtenus lors de la première année de déploiement. La démarche employée combinait trois outils complémentaires de collecte et d’analyse d’informations.
• Le bilan factuel des financements accordés et des actions menées par l’ADEME en 2021 ;
• Trois enquêtes auprès des 2 000 bénéficiaires du Plan de relance, des partenaires institutionnels, et des agents internes ;
• La réunion de trois panels d’experts, fédérations professionnelles, représentants d’industriels et de ministères pour un dialogue sur les aides aux PME, la décarbonation de l’industrie et le soutien à la filière plastique.
Elles ont constaté une bonne adéquation des mesures développées par l’ADEME aux attentes et besoins des entreprises bénéficiaires (80 % de satisfaction, dont 46 % de très satisfaites) ainsi qu’un fort effet sur la création d’emploi pour certaines mesures ciblées comme EETE Innovation. D’un point de vue environnemental, le Plan de relance a principalement eu pour effet de faire baisser les émissions de GES (90 % des projets) via la diminution de la consommation énergétique (électricité pour 64 % et énergie fossile pour 45 %), la consommation d’eau (16 %) et de matières premières (15 %).